II LE SEGMENT RADIO:

0. INTRODUCTION:

L'une des contraintes primordiales des systèmes radio mobiles est la faible consommation du spectre hertzien.
Nous décrirons d'abord comment le système GSM utilise la ressource radio: Le GSM est un système à accès multiple à répartition dans le temps, travaillant sur des bande moyenne (200 kHZ), à duplexage fréquentiel où plusieurs communications simultanées peuvent être multiplexées sur un même couple de fréquence.
Ensuite, nous définirons les différents canaux logiques utilisés par GSM. En effet, dans un système radio mobile, le lien entre le mobile et le réseau étant fluctuant, on utilise plusieurs canaux logiques afin de rendre transparents le déplacement du mobile et l'instabilité du canal radio.
Enfin, nous détaillerons la chaîne de transmission: codage de la parole, contrôle des erreurs, entrelacement, chiffrement et modulation.


 

1. PARTAGE EN FREQUENCE ET EN TEMPS:

a) Partage en fréquence:

La bande allouée au système est séparée en 2 sous bandes d'égales importances:

Ces 2 sous bandes sont séparées par un intervalle fréquentiel qui n'est pas attribué au système afin de faciliter le filtrage et la séparation des voies.
Chaque sous bande est divisée en canaux fréquentiels de 200 kHz. Un canal véhicule un signal modulé autour d'une fréquence porteuse qui siège au centre de la bande. Ces fréquences sont allouées de façon fixe aux différentes BTS; il faut veiller à ce que 2 BTS voisines n'utilisent pas des porteuses proches.
Si la porteuse supportant la voie (d) est Fd alors la voie montante est sur la fréquence Fu telle que: Fu=Fd-DWduplex avec Wduplex=45 MHz

Les systèmes analogiques de 1ere génération (R2000) et la norme CT2 (BiBop) sont des systèmes FDMA (Frequency Division Multiple Access), c'est à dire que chaque porteuse est dédiée à un seul utilisateur.
Le système GSM est différent: Chaque porteuse est divisée en intervalles de temps (slots). Outre le partage en fréquence, on a aussi un partage en temps (TDMA).

 

b) Partage en temps:
L'accès TDMA permet à 1 canal de supporter plusieurs utilisateurs. Une trame TDMA est divisée en 8 intervalles de temps appelés slots.

Chaque utilisateur dispose d'un slot par trame TDMA. La répétition périodique d'un slot dans les trames sur une fréquence particulière constitue en "canal physique". Toutes les trames générées par la même BTS dans le sens descendant sont synchronisées et les trames du sens montant ont un retard de 3 slots par rapport aux descendantes. Cela permet aux mobiles d'émettre et de recevoir sur le même slot sans avoir à réaliser ces 2 actions simultanément.

Remarque: Il est possible de n'allouer à un utilisateur qu'un slot toutes les 2 trames TDMA: Half rate.

 

c) Compensation des temps de propagation:

Soient 2 mobiles dans la même cellule mais ne se trouvant pas à la même distance de la BTS. Si ces 2 mobiles utilisent des slots consécutifs, il faut veiller à ce que les bursts qu'ils envoient ne se chevauchent pas au niveau de la BTS.

Pour cela, on peut envisager 2 solutions:

Pour des cellules de 35 km de diamètre, la Sol.1 seule nécessiterait de prévoir des intervalles de garde de 200 mS; soit plus du tiers du slot.
Le système compense le délai de propagation en gérant le paramètre TA (Sol2.). Un intervalle de garde de 30 mS est nécessaire pour les temps de montée en puissance des signaux a émettre et pour couvrir une légère dérive possible du TA (le TA est véhiculé par l'interface air; sa propagation peut donc être perturbée).


d) Constitution d'un slot: Format des burst
Chaque slot sert au transport d'un canal logique. Le burst est le contenu physique du slot. L'information à transmettre est donc découpée en bursts. On retrouve donc dans le système différents types de bursts en fonction des différents types de canaux logiques.

 

 

 

 

 

 

2. LES DIFFERENTS CANAUX LOGIQUES:

Pour supporter les différentes fonctions spécifiées par la norme, il faut prévoir plusieurs fonctions de contrôle de nature et de niveau variés sur l'interface radio. On peut distinguer ces canaux en 3 types:

a) Les canaux dédiés:
Ils fournissent une ressource réservée à un MS. Le mobile se voit attribuer une paire de slots dans laquelle il est seul à émettre et recevoir.

Remarque: Lorsque le canal alloué est un SDCCH, comme ce dernier peut écouler tous les types de signalisation, on n'introduit pas le FACCH.

 

b) Les canaux de diffusion:
Ils permettent à chaque mobile d'accrocher au système local en acquérant les paramètres nécessaire.

 

c) Les canaux de contrôle communs CCCH:
Ils sont réservés pour les opérations de gestion des communications (établissement, allocation de canaux de trafic). La norme GSM spécifie 3 canaux communs:

 

d) Organisation des trames pour le multiplexage des canaux logiques:
Quel que soit son état, un mobile travaille toujours avec plusieurs canaux logiques. On pourrait utiliser un canal physique pour chacune de ces taches. Ce serait gâcher de la ressource radio; en effet, les différents canaux ne nécessitent pas un débit comparable à celui de la parole codée.
Sur son canal physique, le mobile va donc trouver un multiplex de canaux logiques correspondant à son activité.
-en veille: Ecoute de la BTS par les canaux FCCH+SCH+BCCH+CCCH

-en établissement d'un communication: Emission-Réception sur les canaux SDCCH+SACCH

-en communication: Emission-Réception sur les canaux TCH+SACCH ou FACCH

La norme GSM impose l'organisation du transport des slots sous forme d'une structure à 4 niveaux hiérarchiques de trames:


 

 

3. CHAINE DE TRANSMISSION:
Le synoptique traduisant les mécanismes mis en jeux pour transmettre la parole est le suivant:


a) Numérisation de la parole:
La méthode utilisée dans le RNIS est la modulation par impulsion et codage (MIC). Elle consiste en un quantification logarithmique sur 8 bits d'échantillons prélevés à la fréquence de 8 kHz. Un tel débit (64 kBits/s) est trop important pour un canal radio où la bande est une ressource rare.
Le GSM utilise le système RPE-LTP qui permet de réduire ce débit d'un facteur 4.
Le signal de parole est modélisé comme un filtre linéaire dont les paramètres évoluent dans le temps. En excitant ce filtre par un signal comportant une succession d'impulsions, on obtient le signal de parole en sortie.


Le codec de parole opère sur des trames de parole de 20 ms sur la bande [300-3400 Hz] pour les transformer en blocs de 260 bits (débit de 13 kBits/s).

Le synoptique du codec est le suivant:

Le filtre linéaire se décompose en 2 parties:

On échantillonne une trame de parole de 20 ms à 8 kHz; donc on obtient 160 échantillons codés uniformément sur 13 bits. Après un pré traitement, le signal est analysé afin d'extraire les coefficients du filtre LPC. Le signal est ensuite séparé en 4 sous trames de 40 échantillons pour subir l'analyse LTP. La prédiction "long terme" est réajustée 4 fois plus souvent que la "court terme". En effet, le filtre LTP sert à reproduire les fréquences fondamentales de la voix (entre 60 et 200 Hz) qui sont caractéristiques du locuteur.
La dernière phase du codage consiste à déterminer le signal d'excitation nécessaire pour reproduire le signal vocal. Pour chacune des 4 prédictions LTP, le signal d'excitation est formé de 13 impulsions placées dans un sous bloc de 40 échantillons. Seule 4 combinaisons (13 impulsions pour 40 échantillons) ont été prévues. Donc 2 bits suffisent pour déterminer la combinaison. On attribut 3 bits pour coder l'amplitude de chacune des impulsions et une information de calibrage est fournie sur 6 bits. Soit un total de 447 bits pour le calcul du signal d'excitation RPE.

 

b) Contrôle des erreurs:
Dans le cas de la transmission de la parole, le codec fournit 260 bits pour une trame de parole de 20 ms. On distingue ces bits en 3 classes suivant leur importance quant à la qualité de la perception de la parole.

 


 

 

Le calcul des 2 bits codant 1 bit du mot d'origine nécessite 4 registres (Cf Rappels sur les Codes Convolutionnels en Annexes). De sorte à avoir la même référence de calcul, les 4 bits de traîné introduits à l'étape précédente sont placés en queue des 189 bits à coder. Ces bits sont forcés à 0 afin de purger les registres du codeur pour la prochaine séquence à coder.

 

c) Entrelacement:
Les erreurs ont souvent lieu par paquets; on va donc entrelacer les bits à émettre. En effet, les bits sont mélangés par paquet, puis par trames.
Les 456 symboles correspondant à une trame de parole de 20 ms sont introduits lignes par lignes dans un tableau rectangulaire 578 puis lus colonnes par colonnes pour constituer un sous bloc: il s'agit d'une permutation rectangulaire.


Chaque sous bloc est associé avec un sous bloc de la trame précédente (pour les sous blocs 0, 1, 2 et 3) ou de la trame suivante (pour les sous blocs 4, 5, 6 et 7).


Enfin, à l'intérieur d'un burst, les deux sous blocs provenant de trames de paroles différents sont finement intercalés: Les bits pairs du burst vont correspondre à la trame de parole la plus récente, et les bits impairs à la trame de parole précédente.

 

d) Chiffrement:
Il consiste en un schéma classique en cryptologie ("ou exclusifs" bit à bit à partir d'une séquence pseudo-aléatoire).
L'algorithme A5 fournit, en fonction du numéro FN de trame dans l'hypertrame et de la clé Kc, deux mots pseudo-aléatoires de 114 bits chacun (le drapeau de préemption n'est pas concerné). Un mot est dédié à la liaison descendante, l'autre à la liaison montante.

 

e) Modulation GMSK:
La transmission par l'interface radio a un débit de 270,8 Kbps. Le signal numérique est modulé autour d'une porteuse en utilisant la modulation GMSK (Gaussian Filtered Minimum Shift Keying) avec un produit bande temps B.T
b=0.3.
Il s'agit d'une modulation de phase bit par bit de la porteuse radio dans laquelle la valeur de la phase varie de manière continue entre-Pi/2 et +Pi/2.
La norme définit les gabarits que le spectre du signal doit respecter pour les différents matériels. Un exemple de gabarit est donné figure 2.17.


Pour générer le signal GMSK, on peut utiliser un modulateur de fréquence utilisant à un VCO précédé d'un filtre gaussien.


La réponse impulsionnelle du filtre reprend la forme d'une densité gaussienne:
h(t)=(2.Pi.L
2)-1/2.exp(-t2/(2.L2)) où L/Tb=(ln2)1/2/2.Pi.B.Tb et B.Tb=0.3.

Pi:3.14
B: Bande à 3dB du filtre.
T
b: Durée d'un bit.

En sortie du filtre, on obtient le signal résultant d'un convolution: V=b*h.

En sortie du modulateur, on obtient:
S(t)=S
0.cos{2f0.t+A(t)+A0) où A(t)=k0.Integrale[v(x).dx].

Le spectre de la modulation GMSK est donné figure 2.18 et peut être mis en rapport avec le gabarit représenté en figure 2.17.